Du fil de l’ardoise au fil du tissus
Née entre le bruit régulier du marteau de couvreur et le cliquetis saccadé de la machine à coudre, je vais découvrir ces 2 métiers au fil de mes années.
Mes jeux en extérieur me conduisaient entre les palettes d’ardoises, les échelles, les liteaux et les chevrons. Ceux en intérieur passaient à côté des fils, des aiguilles, du mètre et des tissus chatoyants.
Réaliser un toit avec des ardoises ou un vêtement avec du tissus correspondent à mon besoin de réaliser quelque chose de concret. Le travail se matérialise et il reste quelque chose
Côté influence, il faut ajouter les nombreux mois de décembre passés aux côtés d’une grand tante qui nous rejoignait pour les fêtes. Artiste de ses mains, Tante Angèle m’initie au crochet et au tricot.
Le travail doit être impeccable donc chaque erreur est démontée… 100 fois remettre son ouvrage, mais quel plaisir que la satisfaction du bel ouvrage.
Et il y eu aussi cette classe de 5e où nous avions des cours de couture : ourlet, point de croix, de chaînette, d’épine, point arrière… toujours sur de petits carrés de baptiste blanche. Ensuite l’ouvrage était collé dans un cahier de TP avec sur la page lignée l’explication du point. J’ai le souvenir d’une belle rosace évidée pour faire apparaître les lignes de points.
Puis vint le passage des sempiternels points de crochets pour que les 2 côtés soient identiques, et pour aider Maman. J’avoue en bougonnant parfois…lol. Puis utilisation de la machine à coudre…
Au fil des ans j’ai pris beaucoup de plaisir pour tout ce qui a trait à la déco, de belles tables de fêtes avec les noms de table, le centre de table, une nappe créée pour l’événement avec peinture ou broderie.
BRODER… Grande rencontre lors d’un salon avec THE machine à broder. J’ai craqué. Je tombe sous le charme. Et le logiciel qui va avec pour créer mes propres broderies.
Créations de sacs de différentes sortes en parallèle d’une activité de chef d’entreprise, de couverture évidemment. Mais je ne suis pas du tout faite pour ce job. Il faut tourner la page, couper les ponts, s’éloigner un peu.
Déménagement pour Manneville es plains, la campagne au bord de mer. Je m’installe, je m’y sens bien, mon havre de paix. La sérénité, le sentiment d’être là où je devrais être, me laissent entrevoir la possibilité de créer ma boutique. L’idée fait son chemin, une petite maison qui sert de garage sur le terrain avec ses 2 murs en pierre et le 3e en colombage et sa partie vitrée. J’imagine très vite la boutique terminée avec sa déco. Elle se projette naturellement devant mes yeux.
Quand on est là où on doit être, les choses se font naturellement. Les autorisations nécessaires arrivent. Il faut repenser l’entrée pour faciliter l’accès et donner à mes futurs clients l’envie de venir et revenir.
Je vais pouvoir créer librement. Puiser l’inspiration en allant me ressourcer au bord de mer. Peu importe le temps. Que le soleil brille ou que les éléments se déchaînent, les idées s’affinent, le rêve devient réalité.
La déco de la boutique de dessine naturellement. Les premiers tissus sont là, sous mes yeux, drapés sur un buste, commençant déjà à prendre forme dans mon atelier, une annexe du salon, peu importe :
Enfin je me lance…
Véronique BERDEAUX